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Apathie

Je suis ?puis?e?

Mes jambes parviennent tout juste ? soutenir mon corps, et mon bras arm? me fait atrocement souffrir. Tous mes muscles semblent refuser de me r?pondre, et ma volont? elle-m?me se d?sagr?ge. Le sang a s?ch? sur mon armure, et je sens la sueur et la mort. Je n?ai plus le courage de me tenir aussi droite que j?ai pu le faire ce matin en partant au combat. Je suis ? bout de force. Toute rage m?a quitt?, et ma soif de puissance a ?t? largement ?touff?e. Il est temps que j?aille prendre un peu de repos.

C?est donc en titubant et le regard dans le vague que je franchis l?imposante porte de Lune d?Argent, tandis que le soleil illumine de ses derniers rayons orang?s les plus hautes fl?ches de la capitale. Je passe lentement devant les gardes qui ne semblent m?me pas pr?ter attention ? moi, leur regard inflexible perdu dans le lointain, probablement tourn? vers un avenir entour? de voiles noirs et imp?n?trables. Le gardien des portes me jette un regard bref, puis repart dans la lecture d?un imposant grimoire. Un guerrier passe au grand galop sur sa monture capara?onn?e, puis dispara?t au d?tour d?une rue. Les marchands semblent des statues de cire, immobiles sous les tentures de leurs ?choppes. Un balai se d?place ?a et l?, anim? par un bras invisible. Un chat traverse la rue, sans un bruit.

Tout semble si calme. On ne pourrait croire que notre peuple n?est plus que l?ombre de lui-m?me, tentant de survivre dans un monde qui ne lui laisse que trop peu de place, s?il n?y avait dans le regard de chacun de ces Elfes cette terrible lueur de d?tresse.

Tout comme le reste de la ville, le quartier du Bazar porte en lui tout le caract?re de notre peuple. Les hautes tours profil?es semblent autant de bras essayant dans un dernier ?lan de d?sespoir d?atteindre l?Outreterre, l?architecture d?licate et imposante des b?timents est ? l?image de ceux qui y vivent, subtile mais inflexible, et un silence qui suffit ? lui seul ? faire revivre les souffrances pass?es des Sin?dorei r?gne en ma?tre sur la cit? enti?re.

Quelques personnes discutent calmement devant la fontaine qui si?ge au centre de la place, tandis qu?un immense Gardien Arcanique se d?place de son pas lourd et pesant, r?pandant autour de lui une ?trange sensation et un morne bourdonnement, sous l?effet de la puissante magie qui l?anime. Je me dirige vers la fontaine, adresse un bref salut aux quelques Elfes qui se tiennent l?, et me laisse tomber sur un des bancs finement ouvrag?s qui ceinturent le bassin.

Je distingue au loin une forme courb?e et qui lentement s?approche d?une d?marche chaloup?e. La cr?ature encapuchonn?e passe tout pr?s de moi, et se dirige vers l?auberge toute proche, de son pas irr?gulier. Elle ?met de tr?s d?sagr?ables craquements et des relents de chair en putr?faction me donnent la naus?e. Un mort-vivant. Je n?ai jamais appr?ci? ces cr?atures, bien qu?elles soient nos alli?s. Il est vrai qu?ils nous ont pr?t? main forte tandis que le monde entier nous tournait le dos, et que Dame Sylvanas Coursevent, leur reine, ?tait une Elfe avant de tomber au combat lors de la bataille de Kel?Thalas. Mais je n?oublie pas non plus qu?Arthas, qui causa la ruine de notre civilisation, dirigeait une arm?e de ces non-morts !
Le simple fait de voir l?un de ces cadavres se promener en toute qui?tude dans Lune d?Argent me fait mal au c?ur. Mais ce soir, je n?ai m?me pas la volont? de le maudire int?rieurement, tant la fatigue me gagne.

Le temps passe, lentement, et peu ? peu, berc? par le chant de l?eau qui s??chappe des sculptures de pierre blanche, ma vision se voile et je commence ? m?endormir, maintenant allong?e sur le banc.

Apr?s quelques secondes ? peine de l?thargie, je sens une voix toute proche. Je me redresse, et regarde mon interlocuteur d?un air endormi.

- Ou habites-tu ? me demande-t-il. Je prends le temps de le d?visager. C?est un Sin?dorei en pleine force de l??ge, v?tu d?habits de cuir et portant une courte dague au c?t?. Je prends quelques secondes pour retrouver mes esprits avant de lui r?pondre. Je lui explique que je n?ai pas de foyer, que je vais l? o? mes aventures me m?nent et o? mon ?p?e est utile.

Il propose alors de me conduire ? l?auberge la plus agr?able de la cit?, afin que je trouve un lieu un peu plus confortable qu?un banc public pour passer la nuit. Voyant d?j? le matelas moelleux et le baldaquin aux tentures diaphanes, j?accepte sans h?siter. Je le suis.

Nous voici dans une auberge tr?s agr?able, comme il me l?avait annonc?, o? tout inspire au calme et ? la s?r?nit?. Exactement ce dont j?ai besoin. Il m?invite ? boire quelque chose avec lui. L? encore, j?accepte sans h?siter, je ne demande qu?? faire passer ce go?t atroce de sang qui me reste au fond de la gorge. Un lait frais fera tr?s bien l?affaire.
Tandis que je me d?lecte de la boisson cr?meuse, lui me boit du regard. Je me contente de lui sourire sans y penser, et termine mon verre.

Nous bavardons pendant quelques minutes de tout et de rien, puis nous convenons d?un commun accord qu?il est temps de prendre une chambre. Nous montons ? l??tage, o? se trouvent les lits, et il me conduit devant une magnifique petite pi?ce ronde orn?e de tentures de toutes les couleurs et de fines d?corations murales. Au milieu de la pi?ce se dresse un splendide lit ? baldaquin, dont les draps de velours bleu et les voiles couleurs de nuit invitent ? la r?verie.

- C?est le meilleur lit de toute la capitale, me confie mon compagnon. Mais je sens qu?il n?a pas fini sa phrase. Et il se trouve que j?ai vu juste. Il se propose aussit?t de le partager avec moi. Je n?ai m?me pas le courage de l?envoyer promener avec ma hargne habituelle, aussi je me contente de refuser sa proposition d?une voix fatigu?e.
Heureusement, il n?est pas tenace, et s?en va rejoindre une autre chambre.

La maille tinte doucement lorsque je la retire, et mes v?tements couverts de sang collent ? mes c?tes et ma poitrine. Mon ?p?e a beaucoup souffert, de m?me que mon bouclier qui porte les traces de nombreux coups puissants. Demain, je passerai ? la forge. Mais pour l?instant, c?est ? moi de sombrer dans un sommeil r?parateur.
Je tire les voiles d?azur, et laisse glisser avec un grand plaisir sur ma peau les tissus, qui caressent et massent d?licatement mes membres endoloris. Lentement, je sens mon ?me s?extirper de mon enveloppe charnelle et quitter cet univers pour s??chapper vers un monde immat?riel et ?ph?m?re, mais tellement accueillant. Le monde des r?ves?

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Créé le 2008-02-11 à 21:54:10 - Modifié le 2008-03-29 à 16:31:31
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