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Indigne

Les deux hommes me regardent sans rien dire. Ils me d?visagent, comme si j??tais une cr?ature inconnue. Pour l?instant, je ne fais pas vraiment attention ? eux. Je suis toujours perdue dans mes pens?es. Je me revois avancer lentement vers les d?mons de Motholme, assoiff?e de sang, la bave aux l?vres, comme une b?te sauvage. J?ai l?impression d??tre un v?ritable monstre en manque de chair fra?che. Un vampire, un loup garou, ou je ne sais quelle autre horrible cr?ature ! J?ai peur. J?ai tr?s peur.

- Tenez, buvez ?a, ?a vous redonnera un peu de force.

Je regarde l?homme qui me tend une outre pleine d?un regard sans joie. C?est un Sin?Dorei d??ge m?r, v?tu d?une lourde armure et qui porte d?imposantes armes. Il a l?air d??tre un guerrier exp?riment?. Il s?agit du premier qui m?a suivi dans Mortholme. Son compagnon, un autre Sin?Dorei un peu plus jeune, semble lui aussi un chevalier aguerri. Cependant, je ressens comme un sentiment d?ins?curit? aupr?s de ces personnages. Je crois lire une lueur malsaine dans leurs yeux. Peut-?tre n?est-ce qu?un mauvais tour de mon esprit ? Je suis compl?tement perdue?

Je saisis ? pleine main le r?cipient qu?on me tend. D?un coup de dent, j?arrache le bouchon puis je porte le goulot ? mes l?vres. Morte de soif, je vide l?outre d?une seule traite ou presque !
Le liquide sucr? descend dans mon corps et me r?chauffe de l?int?rieur. Je sens peu ? peu mes forces revenir. Je suis habit?e d?une ?trange sensation, et ma t?te commence ? tourner.
Je jette l?outre vide sur le sol, et regarde ? nouveau mes deux sauveurs. Ils continuent ? me d?visager. Ils ne trahissent pour l?instant aucun signe d?agressivit?, si ce n?est un brin de perversion lorsqu?ils s?attardent sur mes formes. Mais je suis immunis?e contre ?a maintenant. Ce doit ?tre dans la nature des hommes de contempler d?un air connaisseur ce genre de choses.

D?une voix faible, je leur demande ce que je fais ici. Bien s?r, je sais d?j? ce qui a d? se passer, mais je veux savoir exactement comment se sont pass?es les choses. Ils tendent l?oreille pour bien entendre, j?ai encore un peu de mal ? parler.

Parlant chacun leur tour, ils m?expliquent comment je suis entr?e dans une sorte de transe, comment je murmurais que je voulais plus de sang, comment je saignais de partout sans m?en rendre compte et finalement comment ils m?ont assaillit et assomm?e pour me porter jusqu?ici.

Des images de cadavres ?visc?r?s, de t?tes sans corps, de corps sans membres et de faci?s distordus par la douleur et la terreur apparaissent devant moi tandis que j??coute leur r?cit. J?en ai la naus?e, j?ai mal ? la t?te.

Naturellement, ils sont intrigu?s par cet ?trange comportement, et ils commencent ? me questionner ? ce sujet. Mais je ne leur fait pas encore confiance. Je ne sais m?me pas qui ils sont. Je leur lance un regard inquiet pour le leur faire comprendre. Ils ?changent un petit sourire. Tout en faisant allusion ? certaines exactions de l?un comme de l?autre, ils m?assurent que, dans le cas pr?sent, ils ne me feront aucun mal. Ces deux hommes sont en effet bien louches, mais je commence ? croire qu?ils veulent r?ellement m?aider, ou tout du moins comprendre ce qui m?arrive. Alors je leur explique. Je leur explique tout.

Ils se regardent, ?changent quelques mots. Nous en discutons quelques instants. Pour eux, cela ne fait aucun doute, ces crises de folies sont en partie dues aux enseignements des Chevaliers de Sang. D?autres parts? il semblerait que le probl?me vienne aussi de moi. Oui, de moi. Il y a quelque chose qui pose probl?me au fond de moi. Ils m?incitent vivement ? y r?fl?chir, ? comprendre ce qui me pousse r?ellement ? partir au combat, ? lever mon arme.

Ils laissent aussi entendre que je ne suis pas digne d??tre un vrai Chevalier de Sang. Que je ne m?rite pas encore le rang d?Adepte. Je ne pourrais jamais pr?tendre ?tre un v?ritable chevalier tant que je ne ma?triserai pas mes pouvoirs.

Je me sens mal. Terriblement mal. Compl?tement perdue. Je veux aider mon peuple ! Je veux me battre pour offrir un avenir radieux ? tous les Sin?Dorei ! Et on me dit que je n?en suis pas digne?

Apr?s quelques instants de silence, les deux elfes d?cident enfin de se pr?senter. Le premier, celui qui m?a suivi, se nomme Thaehiev. Le second porte le nom d?Eleor.
Eleor? ce nom me dit vaguement quelque chose. Il me semble l?avoir d?j? entendu, pourtant, je n?en ai pas de souvenir pr?cis. Peut-?tre une simple impression.

Ils m?annoncent aussi qu?ils sont plus ou moins li?s ? la maison Saen?Thalas. Je hausse un sourcil interrogateur. Les deux semblent ?tre en mauvais terme avec la maison, d?apr?s ce qu?ils me disent. Une histoire d?enl?vement, puis de fuite. Je ne comprends pas tr?s bien. Ce qui est s?r en revanche, c?est que j?ai devant moi deux ren?gats ! Mais deux ren?gats assez sympathiques malgr? tout.

Apr?s avoir longuement parl? et maintenant que j?ai repris quelques forces, ils m?accompagnent ? Mortholme afin de m?aider ? accomplir la qu?te dont ma folie m?avait d?tourn?e. Accompagn?e de ces puissants chevaliers, je ne risque plus rien. Sans pour autant en t?moigner ouvertement, je les remercie du fond du c?ur. Je leur dois la vie?

Poster un commentaire - Commentaires (1) Créé le 2008-04-11 à 21:41:18 - Modifié le 2008-05-12 à 15:05:19

Doute

Eleor? Thaehiev? leurs visages restent imprim?s dans mon esprit et leurs noms r?sonnent dans ma t?te comme un lancinant refrain. Je ne parviens pas ? oublier ma petite excursion ? Mortholme, ni la discussion que nous avons eu apr?s qu?ils me sauvent la vie. Je ne sais toujours rien de ces deux hommes. Ai-je vraiment eu raison de leur faire confiance ou bien n?ai-je pas pris de gros risques en me d?voilant ? eux ? Ils me posaient d??tranges questions sur la maison Saen?Thalas. J?esp?re que je ne leur en ai pas trop dit ! Et s?ils se servaient de ces informations pour mettre ? mal la maison ? Je ne pourrais jamais me le pardonner !

C?est d?cid?, je dois parler ? Dame Verdrey. Je dois lui demander ce qu?elle sait sur ces individus. Et je dois aussi lui parler de cette crise de folie. Elle pourra m?aider, j?en suis s?re. Elle est si forte, si sage !

Je traverse les Bois des Chants Eternels en direction du manoir de Brise-Cl?mente. Je sens un vent frais caresser doucement mon visage et faire flotter mes cheveux. Les petits oiseaux chantent gaiement, les faucons-dragons planent lentement dans l?air avec leur nonchalance habituelle. Cet endroit semble si paisible, si serein. Il est difficile de croire qu?? quelques centaines de pas de l?, la Malebr?che grouillante d?horribles spectres et morts-vivants continue d??tendre son inf?me corruption au travers de la for?t. Et pourtant, ce mal est toujours bien pr?sent.

Je distingue l?imposante b?tisse au milieu des arbres. Rien n?a chang? depuis la derni?re fois que j?y suis venu. Les gardes continuent de faire leur ?ternelle ronde autour du manoir, les voiles diaphanes volent doucement sous une brise l?g?re, tout est toujours si calme.

J?aper?ois Dame Verdrey devant le b?timent. Elle est assise sur un si?ge, dans une sorte de petit jardin. Je m?approche et m?incline.

- Bonjour Azrelia.

Je la salue avec respect.

- Dame Verdrey, j?aimerais vous parler? de certaines choses.
- Je vous en prie, asseyez-vous.

Je m?ex?cute.

- J?ai rencontr? deux personnes qui semblent avoir un lien avec la maison. L?un d?eux m?a demand? de vos nouvelles. Ils semblaient vraiment tr?s proche de la famille Saen?Thalas, mais ils ne m?en ont pas dit plus. Et ils ne portaient pas nos couleurs.
- Qui ?taient-ils ?
- Ils m'ont dit s'appeler Eleor et Thaehiev.

Tandis que je prononce ces noms, un sourire se dessine sur les l?vres de l?elfe.

- Vous les connaissez ?
- Eleor est mon fils.

Eleor, le fils de Verdrey ! Surprise, je reste quelques instants la bouche grande ouverte, avant de la refermer rapidement en remarquant que ?a ne fait pas tr?s noble. Heureusement, Verdrey, toujours plong?e dans ses pens?es, n?a rien vu.

- Il ne m?en a rien dit.
- Il a disparu il y a d?j? quelques temps. Mais je suis heureuse de voir qu?il va bien.
- Et son compagnon, ce? Thaehiev, n?est-il pas un peu louche ?
Ah, Thaehiev. Il a accompagn? mon fils dans des excursions pas toujours tr?s nobles, mais il n'est pas mauvais au fond. Il est un peu impulsif et parfois brutal, mais il n'est pas vraiment m?chant.

Je me sens rassur?e. Apparemment, je n'ai rien fait de mal. C'est d?j? une bonne chose. Je m'en serais terriblement voulu d'avoir commis une erreur envers la maison! Et puis si Eleor est le fils de Verdrey, alors je pense que je peux lui faire confiance. J'ai bien fait de les ?couter.

Mais si cette premi?re r?ponse ? mes questions me rassure, il me reste encore ? parler ? Verdrey de cette nouvelle crise. Et ?a, ?a me fait bien plus peur. C'est terriblement douloureux d'admettre une telle faiblesse. Je me sens si m?prisable, si indigne de porter les armes... Je crains la r?action de la dame. Mais j'ai aussi besoin de lui parler. Elle semble si forte, si pure! Elle saura quoi faire!

Poster un commentaire - Commentaires (0) Créé le 2008-04-23 à 16:59:11 - Modifié le 2008-04-26 à 16:59:25

Introspection

Papa, maman, o? ?tes-vous? J'ai tellement besoin de vous aujourd'hui...

Je l?ve les yeux sur la porte de bois bris?e qui g?t path?tiquement devant moi. Autour, quelques morceaux de pierre fendus d?passent de la terre et de l'herbe qui ont recouvert le sol pav?. Quelques pans de murs fissur?s et recouverts de mousse se dressent difficilement ?a et l? dans ce champ de ruines.
Je reconnais bien la maison de mon enfance. Bien que tout sois d?truit, rien n'a vraiment chang?. Il y a m?me encore le coffre dans lequel papa rangeait soigneusement les registres. Mais aujourd'hui il ne contient plus de lourds volumes reli?s de cuir, mais une grosse pierre grise qui s'est d?tach?e du plafond et a d?fonc? le couvercle de la bo?te.

Tandis que mes yeux errent sur les restes de la maison qui m'a vue grandir, j'ai l'impression de revivre toute mon enfance. En contemplant mon reflet dans les d?bris d'un vieux miroir qui devait ?tre sur un meuble, dans ma chambre, je crois revoir mon visage enfantin. De petites fossettes pro?minentes, des yeux p?tillants, deux petites couettes qui sautent derri?re ma petite t?te... Je me souviens bien de la petite fille que j'ai ?t?. Mais aujourd'hui, je ne suis m?me pas capable de dire ce que je suis devenu.

Verdrey m'a dit que pour pouvoir contr?ler mes pulsions, je devais me trouver moi-m?me, r?fl?chir ? ce que je suis vraiment. C'est pour ?a que je suis venue ici. C'est l? que je me sens la plus proche de mon v?ritable moi. Enfin je crois. Je n'ai pas trop compris ce qu'elle a voulu me dire. Je suis bien Azrelia, fille d'Alisthel et Faelys Naheras, fille de deux honn?tes marchands d'?toffe de Lune d'Argent, non? Mais ces marchands ne sont plus...

Suis-je une guerri?re alors? J'ai une armure, une ?p?e, je suis apprentie chez les Chevaliers de Sang et je d?coupe tous les ennemis qui se dressent en travers de mon chemin. Voil? bien tout ce qui caract?rise un guerrier !

Seulement, je suis aussi un monstre assoiff? de sang parfois, qui se laisse poss?der par quelque mal?fique d?mon. Un vrai guerrier a-t-il vraiment le droit de se laisser ainsi poss?der?

Si je ne suis plus une simple fille de marchands, si je ne suis pas non plus une vraie guerri?re, alors que suis-je?

Cette folie, fait-elle vraiment partie de moi? Verdrey dit que c'est une possibilit?, que je suis peut-?tre vraiment un monstre au fond de moi. C'est vrai que j'ai envie de tuer, mais je le fais pour le bien de mon peuple! Je le fais pour venger les miens qui ont soufferts et sont morts sous les coups de ces cr?atures puantes!

Quand je suis en transe cependant, je ne pense plus ? ?a. Du moins je crois. Je ne sais pas trop ? quoi je pense. Ou plut?t, je le sais, mais je ne veux pas m'en rappeler. Tuer, faire souffrir, go?ter au sang et ? la mort... Mais est-ce que je suis encore vraiment moi? Non, je ne peux pas le croire. Mais comment pourrait-il en ?tre autrement?

Je m'agenouille devant la maison et joint les mains entre mes jambes. Je ferme les yeux tout en levant la t?te vers le ciel. J'ai besoin de me concentrer, de m?diter un peu. De me souvenir aussi.

Je revois tous ces d?mons se r?pandre ? travers la ville, ?gorger les femmes, ?ventrer les enfants, d?vorer leurs entrailles puis s'emparer de leur ?me dans un hurlement de d?sespoir. Je revois cet elfe, cette arme. Tout ce sang, ces cris, cette souffrance.

Oui! J'ai envie de tuer! D'?triper ces monstres, ces horribles cr?atures! Je veux les voir souffrir et mourir de ma propre main pour venger toutes les vies qu'ils ont prises, et ce bonheur qu'ils nous ont arrach?! Je les tuerais tous, jusqu'au dernier !

Poster un commentaire - Commentaires (2) Créé le 2008-04-27 à 15:29:15 - Pas de modification

Putride compagnie

Tandis que j'erre dans les rues de Lune d'Argent, je sens une odeur acre me picoter les narines. Des relents de chair en putr?faction et de sang s?ch?. Un mort-vivant, naturellement. L'horrible cr?ature vient d'appara?tre ? un coin de rue. Si ?a ne tenait qu'? moi, je chasserai toute cette vermine puante de notre belle capitale!

Lorsque je le croise, je lui jette un regard lourd de m?pris en grima?ant l?g?rement. Cependant, je suis surprise par sa jeunesse et son apparence encore acceptable. Il n'a pas du "franchir le cap" il y a longtemps celui-ci.

Apr?s l'avoir d?pass?, j'entends ses pas s'arr?ter soudainement. L?g?rement intrigu?e, je jette un bref coup d'oeil par dessus mon ?paule. Il a stopp? son avanc?e quelques pas derri?re moi, le regard fix? sur l'arme que je porte dans le dos. Une lueur d'effroi brille dans ses yeux sans vie. Je d?cide de l'ignorer. Apr?s tout, tant mieux si j'inspire la crainte ? ces cadavres ambulants.

A peine ai-je fait trois pas de plus que j'entends une voix mal assur?e autant que gutturale m'interpeller.

- Ma... madame... vous... vous fa?tes la guerre avec votre ?p?e?

Je stoppe en poussant un petit soupir. Que me veut cet imb?cile? Je lui r?pond d'une voix forte, sans m?me me retourner.

- Et bien oui, je fais la guerre! Pourquoi je m'encombrerais d'une telle lame sans ?a?
- Je... je vois madame... Et... est-ce que... vous tuez... avec cette ?p?e?

Je ne r?ponds pas. Il m'interpelle de nouveau. Cette fois, je me fait volte-face, et je lui r?ponds avec une pointe d'?nervement.

- Bien s?r que je tue! Je suis un Chevalier de Sang, alors je tue les ennemis de mon peuple avec cette arme!
- Et vous... vous tuez.. des gens?

Ses mots r?sonnent dans mon cr?ne comme un sinistre refrain. Des images sanglantes me reviennent en m?moire. Je vois d?filer un ? un les visages d?form?s par la douleur de toute les cr?atures qui sont pass?es par le fil de ma lame.

- Oui, je tue des gens! Maintenant laisse-moi!

Je lui ai pratiquement hurl? au visage. Pourquoi faut-il qu'il vienne me parler de ce genre de choses maintenant? Je ne le connais m?me pas! Je tourne les talons et prends mes distances d'un pas vif.

- Mais, madame... revenez!
- Laisse-moi en paix! Va-t-en!
- Mais.. madame... vous tuez et...
- La ferme!

Je hurle sans retenue. Je commence ? me sentir mal. Mon estomac se noue, je transpire, j'ai des frissons. Des images de mort continuent de me hanter.

- Mais madame... vous tuez... vous ?tes une... une guerri?re?
- Silence! Fous-moi la paix! Je ne veux plus te voir!

Je commence ? sangloter. Quelques larmes coulent le long de mes joues. Je continue ? avancer d'un pas mal assur?. Je n'en peux plus, je suis ? bout. Il n'arr?te pas, il continue de me harceler avec ses paroles. Une nouvelle fois, je hurle dans sa direction, le visage tortur? par la douleur. Je pars en courant le plus vite possible, le visage enfoui dans mes mains. Mes pieds s'emm?lent, je tr?buche et m'?tale de tout mon long sur le sol de pierre froide.

Je pleure ? chaudes larmes, petit corps agit? de sanglots au milieu d'une rue de la ville. Les pas s'approchent. Le non-mort pose ses mains glac?es sur moi. Je n'ai m?me pas la force de r?agir. Il m'aide ? me relever. Il y a toujours une trace de terreur que je n'explique pas dans son regard. Je me laisse faire. Une fois que je suis debout, il recule d'un pas.

- C'est moi qui vous ai fait ?a... madame?

J'essuie mon visage recouvert de larmes et de poussi?re du revers de ma manche.

- Tais-toi, je ne veux plus en parler maintenant, laisse-moi!

Je m'?loigne vivement et disparais dans une petite ruelle. Apr?s m'?tre assur?e que je suis seule, je m'effondre sur un banc public et laisse mes larmes s'?chapper librement...

Poster un commentaire - Commentaires (2) Créé le 2008-05-01 à 17:58:03 - Modifié le 2008-05-01 à 19:09:51

L'esprit de la guerre

Le chevalier s'assoit sur le sol dur de la caverne. Je fais de m?me, juste en face de lui. Un souffle frais sillonne les couloirs de pierre du repaire de l'arm?e Loup de Givre.

Je regarde Heimmenrich dans les yeux. Son regard est toujours aussi imp?n?trable. Son expression est toujours aussi calme et emprunte de sagesse. Une aura discr?te semble ?maner de son corps.

Le chevalier m'a conduit ici apr?s que je l'ai retrouv? ? Moulin-de-Tarren, l'avant-poste de ces inf?mes r?prouv?s en Hautebrande. Je l'avais rencontr? quelques temps auparavant, ? Lune d'Argent, par hasard. On avait beaucoup parler. De mes probl?mes. Il m'avait sagement conseill?, un peu comme Verdrey. Il a l'air de savoir vraiment beaucoup de chose! Alors je lui fait confiance. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je sens que je vais beaucoup apprendre ? ses c?t?s.

Il m'a emmen? dans cet endroit apr?s avoir remarqu? que la pr?sence de tous ces morts-vivants me mettait mal ? l'aise, non sans m'avoir affirmer que j'avais un petit esprit ?triqu? qui ne demandait qu'? s'ouvrir un peu au monde. Pourtant, je maintiens que ces cadavres devraient rester l? o? est leur place, dans la tombe! Il a peut-?tre compris que je ne changerais pas facilement d'avis d'ailleurs, il ne m'en a plus reparl? depuis.

Nous discutons maintenant de ma campagne en Hautebrande, puis de mes pulsions meurtri?res. Je lui explique que ?a fait longtemps que je n'y ai plus ?t? sujette. Mais pour ?viter de sombrer dans cette folie, je dois juguler mes pouvoirs, et et ne pas me livrer corps et ?me ? mes combats, je dois garder une certaine retenue. Alors je me sens faible, inutile. J'ai l'impression de ne plus ?tre un vrai chevalier...

Tandis que je lui explique tout ceci, Heimmenrich m'?coute attentivement, tout en me d?visageant. D?s que je termine une phrase, il r?fl?chit quelques instants, puis me r?ponds, un peu brutalement la plupart du temps.

Il tente de m'expliquer que frapper ses ennemis comme un enrag? n'est pas la meilleure fa?on de combattre. Je lui fais remarquer avec une certaine ironie qu'un guerrier qui se jetterait dans la m?l?e sans arme et avec l'intention de ne faire de mal ? personne ne serait pas des plus utiles sur un champ de bataille. Il me sourit. Mais ce n'est pas un sourire de connivence, non! Plut?t comme un sourire adress? par un adulte devant la na?vet? et l'innocence d'un petit enfant. Des fois, j'ai l'impression que je ne suis qu'une gamine pour lui. D'ailleurs, il n'arr?te pas de m'appeler ? gamine ?. Je sais que je suis encore jeune, mais tout de m?me!
Je fais la moue.

De son ton calme qui ne cesse de m'impressionner ? et de m'?nerver aussi quelquefois ? il reprend son explication. D'apr?s lui, il y a d'autres solutions que de se ruer sur l'ennemi toutes lames dehors pour mener une guerre et d?fendre un peuple. Mais je ne suis pas d'accord. Alors je le lui dit. L'attaque reste la meilleure d?fense. Et puis notre peuple a assez souffert! Il n'est plus question de rester sur la d?fensive et d'attendre que les ennuis nous atteignent pour s'en occuper! Plus les combats se d?roulent loin de nos cit?s, mieux ce sera!

Nous discutons un long moment de ces choses. Bien au-del? de mes convictions sur la strat?gie militaire, c'est ma propre vision sur le statut de chevalier qui est ?branl?e.
J'ai toujours cru qu'en tant que chevalier, je devais d?truire mes ennemis pour remporter la victoire, quel qu'en soit le prix ? payer! Et voil? qu'apr?s notre discussion, je pense que... je ne sais plus quoi penser.

Cet homme, est-ce qu'il m'aide vraiment? Eleor, Thaeiev, et maintenant cet Heimmenrich... j'ai l'impression qu'ils s'acharnent tous ? m'apprendre certaines choses. Certaines choses que je ne comprends pas.

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