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Prologue

Waaaaaa?e !

?a fait la troisi?me fois aujourd?hui, ? croire qu?ils se sont pass? le mot ! Je flanque un bon coup de pied ? ce f?lin qui vient de me planter ses crocs dans le mollet, et m?appuie contre l?arbre sous lequel je m??tais assoupie. Le matou s?enfuie en crachant, les poils h?riss?s. Sale b?te. Profiter de ma sieste pour tenter de go?ter ? ma chair, quelle infamie !

Je masse ma jambe endolorie tout en retombant dans mes pens?es. Cette fois, c?est un jeune homme qui vient m?importuner. Est-il seulement possible de faire une sieste sans ?tre d?rang? sans arr?t ? En plus, Je lis dans son regard avide qu?il va me proposer de masser lui-m?me mon membre bless?. Je pr?f?re me lever et tourner les talons sans rien dire que devoir lui expliquer mon point de vue ? coups de pied dans les noix.

Je d?cide de m?isoler un peu, je monte donc sur une petite colline o? j?ai l?habitude de me recueillir quand j?ai besoin d?un peu de solitude. Un faucon-dragon fl?ne ?a et l?, voletant paresseusement au-dessus de l?herbe agit?e par les vents, tandis qu?un sanglier remue la terre en qu?te de nourriture. Je me laisse tomber dans l?herbe - en me cognant au passage le cr?ne contre un caillou qui d?passait - et contemple le ciel bleu au dessus de moi.
Des nuages passent lentement, un oiseau virevolte en chantant, puis une ?norme chauve-souris passe juste au dessus de moi. Je vois deux pieds d?passer des c?t?s velus de la cr?ature. Probablement un guerrier qui s?en va rejoindre le champ de bataille. Et je l?y rejoindrai bient?t. Car j?ai d?cid? de prendre les armes.

Moi, Azrelia, une Elfe de Sang loyale envers Kel?Thalas, je me battrai pour redorer le blason de Lune d?Argent et rendre ? mon peuple toute sa fiert? !
Ce soir, d?s que le soleil aura disparu derri?re les fl?ches de la capitale, je recevrai mon ?quipement, et commencerai mon initiation. J?ai h?te de sentir le m?tal glac? de mon ?p?e dans la paume de ma main, et de rev?tir une armure ?tincelante !
Je me demande quel effet ?a fait de porter une telle quantit? de ferraille sur le dos, ?a ne doit pas ?tre toujours tr?s pratique. Mais qu?importe, j?endurerai bien ?a si ?a peut me permettre d?aller au front pour briser nos ennemis !

Surexcit?e par cette perspective, je me l?ve d?un bond, et saisissant un bout de bois qui tra?ne par l?, je me rue sur le faucon-dragon en poussant des cris de combat et en ex?cutant quelques passes maladroites. La pauvre bestiole me regarde d?un air apitoy?, mais change tout ? coup d?expression quand je lui flanque un bon coup de branche dans les c?tes ! Elle d?ploie alors ses ailes dans une posture mena?ante, et me fait face. Je tente une attaque frontale, et arme mon coup. Je d?chaine toute la puissance de mon bras, mais viens frapper l?air car la cr?ature s?est subitement envol?e ! Emport?e par mon ?lan, je fais deux tours sur moi-m?me puis finis par m??taler de tout mon long la t?te dans la terre. Je crois que je manque un peu d?entrainement.

Je me redresse et m?assois dans l?herbe. Au loin, les tours de Lune d?Argent ?tincellent sous le soleil descendant. Dans quelques heures, je serai une guerri?re, et, ma sainte ?p?e au c?t?, je partirai d?fendre l?honneur de mon peuple contre les inf?mes de ce monde !

Poster un commentaire - Commentaires (3) Créé le 2008-01-27 à 19:53:07 - Modifié le 2008-03-08 à 12:06:58

Premi?res armes

Le soleil vient de dispara?tre sous l?horizon, les Bois des Chants Eternels baignent dans une ?trange lueur rouge?tre et les cr?atures de la nuit commencent ? sortir de leur terrier et ? vaquer ? leurs occupations habituelles.

Mais pour moi, cette nuit n?a rien d?habituel, et sera probablement l?une des plus importantes de ma vie : c?est ce soir que je vais tourner le dos ? ma paisible existence et m?engager sur la voie du guerrier.

J?arrive devant la tour o? m?attendent les ma?tres de toutes les classes d?arme. Je vais devoir choisir une voie, et m?engager ? la suivre pour le restant de mes jours. Mon choix est d?j? fait, et pourtant, je me sens emplie d?appr?hension et d?ind?cision lorsque je p?n?tre dans le b?timent. Les ma?tres d?armes sont tous l?, en cercle, m?ditant. Ils ne semblent pas avoir remarqu? ma pr?sence. Je me sens toute petite et ridicule au milieu de ces h?ros qui rayonnent de tant de gloire. Je tremble de tous mes membres. Il est temps que je me ressaisisse !

Respirant un grand coup et prenant mon courage ? deux mains, je cherche des yeux mon futur ma?tre. Je distingue le ma?tre des voleurs, qui inspecte d?un air circonspect le fil de sa dague, celui des mages, qui est plong? dans la lecture d?un ouvrages dont les pages sont couvertes de runes anim?es, celui des d?monistes, escort? par son redoutable servant, et enfin, mon regard tombe sur celui qui me guidera.

Fier dans son armure reluisante, son immense ?p?e dans le dos, il a le regard perdu dans le vide, m?ditant profond?ment. Le ma?tre des Chevaliers de Sang. Je sens en lui une tr?s grande force, ce qui m?intimide ?norm?ment. Je ne sais comment l?aborder, je n?ose l?interrompre dans sa m?ditation de peur de d?chainer son courroux. Mais je n?ai pas ? intervenir, car c?est lui qui m?interpelle.

- Azrelia, approche, me dit-il soudain, d?une voix si calme que j?en suis parcouru de frissons.

Je m?approche doucement, faisant des efforts inimaginables pour sembler pleine d?assurance, alors que je suis morte de peur ! Le chevalier a toujours les yeux dans le vague, il ne donne pas l?impression de me voir. Malgr? tout, il reprend.

- Ne crains rien. Je vois ce que tu ne peux encore voir. Tu devras apprendre que bien des choses restent cach?es ? nos yeux, mais deviennent claires lorsqu?on parvient ? s?oublier et ? ouvrir son esprit et son c?ur.

Je le regarde bouche b?e, sans comprendre grand-chose. Son regard ne bouge pas, mais il sourit. Un silence. Soudain, il sort de sa m?ditation, cligne des yeux comme un enfant qui vient d?achever sa sieste et me lance un regard soutenu, mais n?anmoins amical. Et il reprend, avec un soudain entrain.

- He bien jeune demoiselle, tu es bien peu loquace. Mais ne soit pas effray?e, quand ? ton tour tu d?couvriras la m?ditation, tu comprendras certaines choses.

- Je souhaite m?engager dans la voie du Chevalier, afin de rendre ? notre peuple son honneur perdu ! je dis alors, d?un ton un peu plus all?gre que je ne l?aurais souhait?, me demandant d?ailleurs si c??tait r?ellement les paroles les plus intelligentes que j?aurais pu dire.

- Je sais, me r?pond-il. Je connais ta d?termination, et je pense que tu as les atouts pour r?ussir dans cette voie. Tu devras cependant suivre un dur entra?nement, et faire de grands sacrifices. Mais nous ne sommes pas l? pour discuter de ce que tu seras dans des d?cennies, allons plut?t t??quiper !

Il m?entra?ne vers un coffre de fer minutieusement ouvrag?, duquel il ressort une armure de maille toute rouill?e et une ?p?e de fer ?br?ch?e. Je fais la moue : o? donc est l??tincelante armure que j?avais esp?r?e ? Comment pourrai-je inspirer la crainte avec un tel ?quipement ?

Le chevalier rit doucement. Je sens qu?il a encore p?n?tr? mon esprit et lu dans mes pens?es !

- Tu n?en es pas encore ? aller au front pour repousser ? toi toute seule les machines de guerre de l?Alliance, tu dois d?j? entra?ner ton bras arm? et ton esprit !

Je saisis mon ?p?e ? pleine main, et la l?ve droit au dessus de moi. Etrangement, je n?ai aucun mal ? la manier, elle me semble toute l?g?re !
Je regarde mon ma?tre, toute fi?re, et celui-ci me r?pond d?un regard faussement admiratif.

- C?est tr?s bien, tr?s tr?s bien. Mais vois-tu, je doute que pointer les ?toiles avec ta lame suffise ? rendre gloire et honneur ? Kel?Thalas.

Je rougis.

- Allons, ?quipe-toi, et retrouve-moi ? l?ext?rieur pour tes premi?res missions.

Je prends tout mon attirail sous le bras, et monte ? l??tage pour me changer. Je me sens toute bizarre. En retirant mes v?tements, j?ai la d?sagr?able impression de me s?parer de toute une partie de ma vie, j?ai le sentiment de renier la paix, la s?r?nit?, et le calme qui ont fait mon existence jusqu?? aujourd?hui.
Lorsque je passe mes jambi?res, puis ma cuirasse et mes brassards, je sens le poids des morts ? venir peser sur moi, et d?horribles images traversent mon esprit. Je m?empare de mon ?p?e et frappe l?air ? plusieurs reprises, comme pour chasser ces funestes pr?monitions.

Puis je redescends et, le regard durci par ces ?tranges visions, je sors sous le ciel ?toil?, allant ? la rencontre de mon destin.

Poster un commentaire - Commentaires (0) Créé le 2008-02-01 à 19:42:33 - Modifié le 2008-03-08 à 12:15:44

L'?p?e de la justice

- Raaaaah !

Voil? que je me suis toute t?ch?e avec le sang de cette maudite bestiole ! Comme si je ne me sentais pas assez ridicule dans ma cuirasse rouill?e et grin?ante, il faut maintenant que j?aie du sang plein les bras et le torse ! Mais apr?s tout, je risque fort de passer la majeure partie de mes journ?es ? baigner dans l?h?moglobine ? partir de maintenant, alors autant m?y faire tout de suite.

Quoi qu?il en soit, cette premi?re mission ne me convient on ne peut mieux : je peux enfin me venger de ces sales matous qui me prenaient pour une tranche de lard bien juteuse, et c?est avec un plaisir non dissimul? que je leur fais t?ter de mon ?p?e ! Evidemment, ce n?est pas encore la grande gloire, on ne peut pas dire que r?guler la population des tigres ? dent de sabre dans le secteur soit une qu?te des plus ?piques, mais il faut bien commencer par quelque chose, non ?

Apr?s que j\'ai d?coup? en tranches quelques bestioles ? poil, mon ma?tre daigne enfin m?apprendre quelques incantations propres ? ceux qui suivent la voie du paladin. En quelques mots, il m?apprend ? canaliser la force de mon esprit, et ? puiser dans ma volont? l??nergie n?cessaire pour ex?cuter quelques passes puissantes. Il m?apprend ?galement ? exploiter la source de mana qui coule en moi et ? r?g?n?rer ce puits d??nergie en puisant dans les corps vivants de mon entourage.

Lorsque je fais appel pour la premi?re fois ? cette technique, une ?trange sensation s?empare de tout mon corps : je sens un fluide p?n?trer en moi par toutes les pores de ma peau, et s?insinuer au plus profond de mon ?me, jusqu?? la source m?me de mon existence. Ce flux m?emplit d?un sentiment intense d?assurance et de s?r?nit?, tandis que je regarde avec d?lectation la cr?ature dont je pompe l??nergie se tordre et agoniser, avant de perdre son ?me dans un dernier r?le de douleur. Je me sens soudain si puissante ! Je porte le regard sur mes mains, et j?ai l?impression de voir de petites ?toiles briller et se mouvoir rapidement sous ma peau. Je sens le mana en moi, je suis le mana !

Ce regain de puissance renforce ma volont?, et, saisissant mon ?p?e d?une main inflexible, je me rue sur les autres Wyrms qu?on me charge d?abattre, puisant en eux toute la force qui me permet de les d?truire. Triste ironie?
Plus je me bats, plus je me sens bien, et bient?t je suis emplie d?une ivresse telle que mes gestes deviennent m?caniques, j?ex?cute les passes sans m?me y r?fl?chir et les combats s?encha?nent ainsi, fluides, rapides, s?achevant invariablement par l?agonie des monstres de la souffrance desquels je me d?lecte.

Apr?s quelques petites missions comme celle-ci, je r?unis enfin suffisamment d?argent pour am?liorer mon ?quipement ! Je viens me poster devant un marchand et regarde les armes et armures comme un enfant contemplerait des jouets dans une ?choppe. Mon attention est attir?e par une magnifique armure en maille, et j?ach?te le set complet sans m?me h?siter une seule seconde. Des tissus rouges aux reflets color?s ornent une maille finement ?labor?e, bord?e d?or et d?argent.
Je m?offre ?galement une ?p?e ? une main ? la facture alliant dans un subtil m?lange d?licatesse et agressivit?, ainsi qu?un bouclier dor? brillant de mille feux ! Adieu grincements et rouille, j?ai maintenant une prestance bien plus digne d?un paladin, et je porte haut les couleurs de Lune d?Argent !

La premi?re phase de mon initiation est maintenant termin?e, j?ai appris ? maitriser l??nergie qui coule dans mon corps, et ? en appeler aux forces divines pour m?assister dans ma t?che. D?sormais, je vais pouvoir ?uvrer pour la justice et le bien de mon peuple, et mon arme apportera la souffrance et la mort ? ceux dont l?existence n?a apport? que nuisance et d?sespoir !

On m?apprend que dans le quartier ouest de la capitale, d?vast? par le fl?au, subsistent des cr?atures qui mettent ? mal mon peuple. Je prends mon bouclier dans mon dos, glisse ma lame dans son fourreau et, d?un pas vif et assur?, me tenant bien droite afin de para?tre la plus impressionnante possible, je m??lance vers de nouvelles contr?es hostiles, d?termin?e ? faire de ma lame l?incarnation m?me de la justice dans ce monde corrompu !

Poster un commentaire - Commentaires (0) Créé le 2008-02-03 à 22:26:56 - Modifié le 2008-03-08 à 12:12:35

Apathie

Je suis ?puis?e?

Mes jambes parviennent tout juste ? soutenir mon corps, et mon bras arm? me fait atrocement souffrir. Tous mes muscles semblent refuser de me r?pondre, et ma volont? elle-m?me se d?sagr?ge. Le sang a s?ch? sur mon armure, et je sens la sueur et la mort. Je n?ai plus le courage de me tenir aussi droite que j?ai pu le faire ce matin en partant au combat. Je suis ? bout de force. Toute rage m?a quitt?, et ma soif de puissance a ?t? largement ?touff?e. Il est temps que j?aille prendre un peu de repos.

C?est donc en titubant et le regard dans le vague que je franchis l?imposante porte de Lune d?Argent, tandis que le soleil illumine de ses derniers rayons orang?s les plus hautes fl?ches de la capitale. Je passe lentement devant les gardes qui ne semblent m?me pas pr?ter attention ? moi, leur regard inflexible perdu dans le lointain, probablement tourn? vers un avenir entour? de voiles noirs et imp?n?trables. Le gardien des portes me jette un regard bref, puis repart dans la lecture d?un imposant grimoire. Un guerrier passe au grand galop sur sa monture capara?onn?e, puis dispara?t au d?tour d?une rue. Les marchands semblent des statues de cire, immobiles sous les tentures de leurs ?choppes. Un balai se d?place ?a et l?, anim? par un bras invisible. Un chat traverse la rue, sans un bruit.

Tout semble si calme. On ne pourrait croire que notre peuple n?est plus que l?ombre de lui-m?me, tentant de survivre dans un monde qui ne lui laisse que trop peu de place, s?il n?y avait dans le regard de chacun de ces Elfes cette terrible lueur de d?tresse.

Tout comme le reste de la ville, le quartier du Bazar porte en lui tout le caract?re de notre peuple. Les hautes tours profil?es semblent autant de bras essayant dans un dernier ?lan de d?sespoir d?atteindre l?Outreterre, l?architecture d?licate et imposante des b?timents est ? l?image de ceux qui y vivent, subtile mais inflexible, et un silence qui suffit ? lui seul ? faire revivre les souffrances pass?es des Sin?dorei r?gne en ma?tre sur la cit? enti?re.

Quelques personnes discutent calmement devant la fontaine qui si?ge au centre de la place, tandis qu?un immense Gardien Arcanique se d?place de son pas lourd et pesant, r?pandant autour de lui une ?trange sensation et un morne bourdonnement, sous l?effet de la puissante magie qui l?anime. Je me dirige vers la fontaine, adresse un bref salut aux quelques Elfes qui se tiennent l?, et me laisse tomber sur un des bancs finement ouvrag?s qui ceinturent le bassin.

Je distingue au loin une forme courb?e et qui lentement s?approche d?une d?marche chaloup?e. La cr?ature encapuchonn?e passe tout pr?s de moi, et se dirige vers l?auberge toute proche, de son pas irr?gulier. Elle ?met de tr?s d?sagr?ables craquements et des relents de chair en putr?faction me donnent la naus?e. Un mort-vivant. Je n?ai jamais appr?ci? ces cr?atures, bien qu?elles soient nos alli?s. Il est vrai qu?ils nous ont pr?t? main forte tandis que le monde entier nous tournait le dos, et que Dame Sylvanas Coursevent, leur reine, ?tait une Elfe avant de tomber au combat lors de la bataille de Kel?Thalas. Mais je n?oublie pas non plus qu?Arthas, qui causa la ruine de notre civilisation, dirigeait une arm?e de ces non-morts !
Le simple fait de voir l?un de ces cadavres se promener en toute qui?tude dans Lune d?Argent me fait mal au c?ur. Mais ce soir, je n?ai m?me pas la volont? de le maudire int?rieurement, tant la fatigue me gagne.

Le temps passe, lentement, et peu ? peu, berc? par le chant de l?eau qui s??chappe des sculptures de pierre blanche, ma vision se voile et je commence ? m?endormir, maintenant allong?e sur le banc.

Apr?s quelques secondes ? peine de l?thargie, je sens une voix toute proche. Je me redresse, et regarde mon interlocuteur d?un air endormi.

- Ou habites-tu ? me demande-t-il. Je prends le temps de le d?visager. C?est un Sin?dorei en pleine force de l??ge, v?tu d?habits de cuir et portant une courte dague au c?t?. Je prends quelques secondes pour retrouver mes esprits avant de lui r?pondre. Je lui explique que je n?ai pas de foyer, que je vais l? o? mes aventures me m?nent et o? mon ?p?e est utile.

Il propose alors de me conduire ? l?auberge la plus agr?able de la cit?, afin que je trouve un lieu un peu plus confortable qu?un banc public pour passer la nuit. Voyant d?j? le matelas moelleux et le baldaquin aux tentures diaphanes, j?accepte sans h?siter. Je le suis.

Nous voici dans une auberge tr?s agr?able, comme il me l?avait annonc?, o? tout inspire au calme et ? la s?r?nit?. Exactement ce dont j?ai besoin. Il m?invite ? boire quelque chose avec lui. L? encore, j?accepte sans h?siter, je ne demande qu?? faire passer ce go?t atroce de sang qui me reste au fond de la gorge. Un lait frais fera tr?s bien l?affaire.
Tandis que je me d?lecte de la boisson cr?meuse, lui me boit du regard. Je me contente de lui sourire sans y penser, et termine mon verre.

Nous bavardons pendant quelques minutes de tout et de rien, puis nous convenons d?un commun accord qu?il est temps de prendre une chambre. Nous montons ? l??tage, o? se trouvent les lits, et il me conduit devant une magnifique petite pi?ce ronde orn?e de tentures de toutes les couleurs et de fines d?corations murales. Au milieu de la pi?ce se dresse un splendide lit ? baldaquin, dont les draps de velours bleu et les voiles couleurs de nuit invitent ? la r?verie.

- C?est le meilleur lit de toute la capitale, me confie mon compagnon. Mais je sens qu?il n?a pas fini sa phrase. Et il se trouve que j?ai vu juste. Il se propose aussit?t de le partager avec moi. Je n?ai m?me pas le courage de l?envoyer promener avec ma hargne habituelle, aussi je me contente de refuser sa proposition d?une voix fatigu?e.
Heureusement, il n?est pas tenace, et s?en va rejoindre une autre chambre.

La maille tinte doucement lorsque je la retire, et mes v?tements couverts de sang collent ? mes c?tes et ma poitrine. Mon ?p?e a beaucoup souffert, de m?me que mon bouclier qui porte les traces de nombreux coups puissants. Demain, je passerai ? la forge. Mais pour l?instant, c?est ? moi de sombrer dans un sommeil r?parateur.
Je tire les voiles d?azur, et laisse glisser avec un grand plaisir sur ma peau les tissus, qui caressent et massent d?licatement mes membres endoloris. Lentement, je sens mon ?me s?extirper de mon enveloppe charnelle et quitter cet univers pour s??chapper vers un monde immat?riel et ?ph?m?re, mais tellement accueillant. Le monde des r?ves?

Poster un commentaire - Commentaires (0) Créé le 2008-02-11 à 21:54:10 - Modifié le 2008-03-29 à 16:31:31

Ombre et lumi?re

Avant de prendre les armes et d?entrer dans le monde cruel de la guerre, j?avais souvent entendu parler de l?Ordre des Chevaliers de Sang.
Ces impassibles mais impitoyables Chevaliers qui avan?aient inexorablement au c?ur des lignes ennemis, d?truisant d?une main d?termin?e tous ce qui se dressait sur leur passage. Ces infatigables guerriers, qui savaient puiser leur puissance dans l?essence m?me de leurs ennemis, et la d?cupler par la seule force de leur volont?. Ces valeureux combattants, qui tuaient et mourraient pour guider leur peuple, mon peuple, vers un avenir radieux.

Ils repr?sentaient tout ce qui pour comptait pour moi. J?avais d?j? le go?t de l?aventure, et le d?sir de me battre pour mon peuple, il ne me manquait plus que les nobles enseignements de cette caste pour donner corps ? mes r?ves et mes ambitions. Mais quand j?ai jur? fid?lit? aux Chevaliers de Sang, j?ignorais qu?acc?der ? un tel pouvoir corrompait peu ? peu la conscience de celui qui l?utilisait, au risque de le d?tourner de ses ambitions premi?res. Je ne me doutais pas du prix ? payer pour acc?der ? une telle puissance?

Canaliser l??nergie de ses adversaires, invoquer de grandes puissances et r?citer quelques incantations ne suffit pas pour devenir un v?ritable chevalier. Il faut aussi ignorer toute piti? et ha?r l?ennemi du plus profond de son ?me. Cette animosit? combin?e ? l?afflux ?norme d??nergie est une terrible ?preuve pour l?esprit du combattant.
C?est comme si une entit? d?moniaque cherchait ? prendre le contr?le et ? surpasser la volont? du chevalier, pour en diriger le bras arm?.

Comme tous mes camarades chevaliers, j?ai ressenti cette ? ombre ? s?insinuer en moi, s?infiltrer sous ma peau et traverser mes chairs jusqu?? obscurcir mon c?ur et mon ?me. J?ai laiss? cette sensation se r?pandre dans tout mon corps, d?cupler ma vigueur et exacerber ma rage et ma haine pour l?ennemi. J?ai exploit? les ?tranges facult?s de cette force immat?rielle pour r?ussir ? vaincre mes adversaires.

Cet esprit sanguinaire guidait mon arme, lui faisant ex?cuter des passes que je ne pensais m?me pas conna?tre, les coups s?encha?naient, rapides, pr?cis, et ? chaque fois mortels. Ma volont? allait alors dans le m?me sens que cette sensation, et ma puissance s?en trouvait encore augment?e ! Je me sentais si puissante, je pensais que rien ne pouvais m?arr?ter, et que je ne rencontrerais plus aucun obstacle dans mes enseignements de chevaliers ! Je pensais ma?triser cette sensation meurtri?re qui caract?rise tous les chevaliers au combat et leur conf?re leur puissance.

H?las, je me trompais. Cet obstacle, que je pensais improbable, m?est apparu. Ma propre volont??
A chaque combat, cette sombre sensation me gagne, et me permet de manier efficacement mon arme. Sans elle, je ne pourrais me battre. Mais quelquefois, elle alt?re mon esprit, obscurcit ma volont?, et mon propre corps ne me r?ponds plus. Mes pulsions passent ma?tres, et ma soif de sang, d??nergie et de souffrance semble intarissable.

Je me vois alors en train de d?couper des cadavres ? la pointe de mon ?p?e, me d?lectant du sang qui s??coule des plaies b?antes. Je ressens un tel manque de violence, que je me sens pr?te ? tuer le premier qui se pr?sentera ? moi, fut-ce-t-il l?un des miens !
Je ne parviens pas ? lutter, ma volont? est totalement affaiblie, et je ne vie ? ce moment plus que pour tuer?

Cette terrible transe qui survient lors des combats est le prix que je dois payer pour jouir de la puissance d?un Chevalier de Sang, mais cette repartie est source de terrible souffrance. Je me sens souill?e par ces irr?pressibles pulsions qui se lib?rent d?s que je combats trop longuement.

Tandis que je souhaite batailler pour le bien de mon peuple, j?ai d?sormais l?impression d??tre un danger pour lui. Je crains que beaucoup des membres de l?Ordre n?aient cet esprit avide de violence depuis leur naissance, si bien qu?ils n?en subissent pas les effets dans une telle mesure, mais que ce ne soit pas le cas pour moi. M?me si j?ai au fond de moi le m?me d?sir de briser nos ennemis, il me manque cet esprit de tueur.

Pourtant, je ne veux renier mon enseignement, ni revenir sur ma d?cision. J?irais au bout de ma formation et deviendrais un chevalier de Sang, m?me si je dois pour cela me consacrer corps et ?me ? l?endurcissement de ma volont? !

Je parviendrai ? ma?triser cette ombre, quitte ? y laisser une partie de mon ?me, mais quoi qu?il en soit, je garderais mon honneur et ne m?abandonnerais pas ? ces exc?s de meurtre !
Je trouverai dans la lumi?re du Soleil la force n?cessaire pour juguler cette ?nergie, et la ma?triser parfaitement !

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